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25 septembre 2006

CASABLANCA:Histoire d'une ville impressionnante

Une base pour l'étranger: telle fut la fonction historique de Casablanca (...) Sans l'étranger, Casablanca serait sans doute resté un tout petit village, tout au plus un souk important". F. Joly.


         
Casablanca est une ville récente. Elle est contemporaine d'un choc (plus que d'une rencontre) de cultures et de sous-cultures. Ce qui ne veut pas dire que cette ville n'ait pas d'ancêtre fondateur. Les historiens s'accordent à nommer "Anfa" le site ancien de la ville. Aujourd'hui, Anfa désigne un quartier résidentiel de luxe. Mais on retrouve évoqué le nom d'Anfa dans des textes du XIème siècle, faisant remonter ainsi sa fondation (par les Zénètes) à la même époque que celle de Salé . Léon l'Africain la mentionne également comme une petite ville, qui, au XVème siècle, pratiquait la course. En représailles, les Portugais, à la fin du siècle, décident de l'attaquer, 50 navires et 10 000 hommes à la charge. Les habitants d'Anfa, n'étant pas en mesure de défendre la ville, la désertent définitivement pour Rabat et Salé. La ville sera détruite et restera inhabitée pendant trois siècles.


En 1770, le sultan de l'époque décide de reconstruire cette place pour la préserver d'un débarquement de Portugais qui venaient de perdre alors la ville de Mazagan (El Jadida). La ville est appelée Dar El Beida 1. D'emblée, le sultan Mohamed Ben 'Abdallah la dote d'une mosquée, d'une medersa et d'un hammam pour la peupler en premier lieu de troupes militaires: la ville dès sa fondation attire une population non citadine, originaire de diverses contrées du Maroc, ce qui se reflétera notamment dans certaines constructions. S'il installe ses troupes, le sultan souhaite aussi faire de ce petit port un lieu de commerce international. Ce qui lui fait préférer le monopole espagnol de l'exportation de grains à celui des Génois. Cette vocation commerciale, bien qu'insufflée dès la naissance à la Maison Blanche et procédant d'une volonté de l'État marocain (Makhzen) de s'ouvrir au commerce maritime, rencontrera beaucoup de difficultés, à l'image des vicissitudes de l'histoire marocaine du XIXème siècle. Il faudra attendre 1831 pour que Dar El Beida renoue avec la vocation pressentie, mais cette fois-ci c'est Gênes qui est destinataire des principales exportations marocaines. Le volume des activités commerciales reste, somme toute, mineur ; en 1836, 3% des exportations maritimes du Maroc transitent par le port de Casablanca. Dès la seconde moitié du XIXème siècle, la ville commence à prendre place en tant que comptoir européen en Afrique du Nord. La France, par l'entremise de sociétés marseillaises, et l'Angleterre (qui a introduit le thé au Maroc) sont les principaux partenaires économiques. La France importe massivement de la laine de la Chaouïa et des céréales, l'Angleterre s'intéresse à la laine et au coton pour sa manufacture textile : dès la fin du XIXème siècle, des familles commerçantes de Fez s'installent comme représentantes de maisons mères à Manchester. En 1906, Casablanca est le premier port d'exportation du Maroc et la ville se peuple en conséquence ; de 700 habitants en 1836, elle passe à 25 000 en 1907. Le Maroc est encore théoriquement un pays souverain, mais à Casablanca, le contrôle économique est entre les mains des entrepreneurs français et anglais ; ils détournent l'interdiction de la propriété immobilière par l'entremise complaisante d'autorités locales (caïdales) ou par l'association avec des Marocains (protégés) du pays Chaouïa. La mainmise économique est d'autant plus accentuée qu'elle bénéficie de la coopération de certaines familles bourgeoises de Fez et de Rabat qui viennent commercer à Casablanca et qu'elle est encouragée par le Makhzen. Avant l'instauration officielle du Protectorat, existent les premiers signes du Casablanca des années 30 et 40. Présence d'étrangers dynamiques et des premières grandes familles citadines migrantes, exode de populations pauvres de la Chaouïa, des Doukkala, Tadla, du Souss et du Drâ suite aux années de sécheresse de la fin du XIXème siècle, la petite ville a ses aires périphériques de huttes (nouala) .

ville de casablanca


 

La Chaouïa est dès la naissance de Casablanca la première région d'émigration et ses tribus sont les premières à mener la révolte dans la ville. Par deux fois déjà, et à des moments symboliques de la crise de l'autorité makhzenienne, les tribus bédouines entrent en rébellion et tentent d'assaillir Casablanca ; en 1794 et en 1795, les tribus s'étaient révoltées dans tout le pays Chaouïa et avaient attaqué Dar El Beida, qui avait été défendue et sauvée par les Espagnols. En 1907, la mainmise française sur Casablanca ne semble plus faire de doute. L'émeute générale paraissant imminente, la France et l'Espagne se mettent d'accord pour dépêcher des troupes à Casablanca afin d'assurer la sécurité de leurs ressortissants. Et le débarquement des hommes du Galilée en août 1907 provoque une rébellion sanglante. Il faudra alors s'enfoncer de plus en plus dans les plaines côtières pour "pacifier" les tribus de la Chaouïa. Tout le Maroc est entré en dissidence ouverte (siba), alors que l'autorité politique est en décomposition ; le frère du souverain régnant prend alors la tête du pays, mais la siba s'est généralisée, et Moulay Hafid pour imposer à tout prix son autorité, n'a d'autre alternative que d'en appeler, comme son frère, à l'aide de la France. Le 30 mars 1912 est signé le traité de Fez, par lequel la France s'est imposée en douceur, quoiqu'inexorablement, au Maroc; c'est désormais l'ère du Protectorat. C'est donc par les villes que le colonialisme pénètre au Maroc.

Le contexte socio-politique du Maroc est indissociable de l'histoire de Casablanca, car la population marocaine de la ville vient de toutes les régions, des crêtes du Rif aux confins du Drâ. Elle a vécu tous les soubresauts économiques et politiques que le Maroc a traversé, et sa venue à Casablanca, outre la conséquence épisodique des années de sécheresse, s'explique pour une part par les péripéties historiques qui allaient amener le système colonial. Dar El Beida devient Casablanca, par l'infitah économique que les acteurs économiques et les grandes banques françaises (Schneider, Banque de l'Union Parisienne, Banque de Paris et des Pays-Bas) décideront.


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1."Le nom provient sans doute d'une haute construction, blanchie à la chaux, peut-être la maison du caïd, qui servait d'amer aux vaisseaux." A. Adam, Casablanca, essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l'Occident, op. cité, p. 24.



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