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25 mars 2007

La canonnière d'Agadir, vous en avez déjà entendu parler?

On désigne par l'expression de la canonnière d'Agadir un incident diplomatique qui eut lieu en 1911, entre la France et l'Allemagne, à propos de l'envoi d'une canonnière (petit bateau faiblement armé) de la marine de guerre allemande dans le port marocain d'Agadir, alors placé sous protectorat français.

À la suite de la conférence d'Algésiras en 1906, la France se voit accorder un droit spécial sur le Maroc que vise aussi l'Allemagne. Cette dernière a un important retard à rattraper sur le plan colonial et voit d'un très mauvais œil l'occupation de Fès par les troupes françaises qui viennent seulement prêter main forte au sultan Abd-ul-Aziz menacé par une révolte.

Les Allemands croient à une tentative de conquête du pays. Ils proposent alors de fermer les yeux en échange de territoires. Devant l'obstination des Français, ils décident d'envoyer le 1er juillet une canonnière "Panther" officiellement pour protéger leurs ressortissants. La tension monte et le 21, le Royaume-Uni s'interpose et se range du côté français alors que ces derniers refusent de céder.

Un conflit armé semble inévitable.

Finalement, l'affaire se résoud grâce à la politique d'apaisement du Président du Conseil français, Joseph Caillaux. À juste titre convaincu qu'une guerre entraînerait la ruine de l'Europe, il manœuvre avec une sage modération de concert avec le baron de Lancken, conseiller à l'ambassade d'Allemagne à Paris et intime de l'empereur Guillaume II. On aboutit ainsi à un traité franco-allemand le 4 novembre 1911, avec un échange de territoires en Afrique équatoriale, entre le Cameroun, colonie allemande, et le Congo, colonie française. L'Allemagne concède par ailleurs à la France une entière liberté d'action au Maroc.

Ce traité d'apaisement est ressenti de part et d'autre comme une lâche concession à l'ennemi. À la tribune du Sénat français, Georges Clemenceau lance : «De bonne foi, nous voulons la paix… Mais enfin, si on nous impose la guerre, on nous trouvera. Nous venons d'une grande histoire, nous entendons la conserver». Joseph Caillaux doit céder le pouvoir le 11 janvier suivant à Raymond Poincaré (en 1917, en pleine guerre mondiale, il échappera de peu à une condamnation à mort réclamée par Clemenceau).

Ce bras de fer qui préfigure la Première Guerre mondiale permet à la France d'éprouver son alliance avec le Royaume-Uni. En instaurant un protectorat sur le Maroc, la France contrôle dès lors plus de la moitié de la côte nord de l'Afrique.

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